Série Algægraphique grand format | 2018 — 2020
La série « Écoumène », initiée en 2018 est issue du procédé Algaegraphique. À l’instar de la plaque photographique, l’image « prend vie » à la lumière, mais ne s’immortalise pas pour autant : ces « images vivantes » sont fugitives, autonomes et organiques ; ce sont des « cultures », qui assument, par leurs caractères transitoires, la menace d’une disparition à venir.
Ce procédé fait ici écho à la notion d’ « écoumène » qui désigne pour les géographes l’ensemble des espaces terrestres habités par l’humanité. Pour Augustin Berque, l’écoumène est plus précisément la « relation à la fois écologique, technique et symbolique» que l’individu entretient à son milieu. Cette série explore donc, sous la forme de portraits individuels ou collectifs, les multiples façons d’habiter un territoire.
À l’issue d’une enquête de terrain, documentée au moyen de la photographie, une composition subjective de ce territoire est réalisée sous la forme d’un négatif qui sera ensuite interprété par les micro-algues. Chaque version de cette série implique une autre discipline qui apporte un éclairage sur le récit du lieu.
Le premier écoumène, Écoumène V.1 : Victor Petit (2019), a été réalisé pour l’exposition La fabrique du vivant au Centre Georges Pompidou. Il évoque la gentrification parisienne et la disparition inéluctable du Paris populaire. Le philosophe Victor Petit interroge ces transformations dans un court texte accompagnant l’Algægraphie.
Écoumène V.2 : Vohibola (2019) à été développé au fil de trois expositions au Luxembourg, à Marseille et en région parisienne.
Vohibola est une des dernières forêts de l’est de Madagascar, en proie à la déforestation. Transformé par le colonialisme puis par l’exploitation intensive du bois, ce territoire naturel se raconte au travers des relations que chacun tisse avec le lieu et avec les autres formes de vies qui le peuplent.
Dans cette installation, l’Algaegraphie est accompagnée d’un dispositif photographique qui enregistre la disparition du paysage et le restitue en temps réel ce processus dans un film d’animation. Une bande-son, réalisée en collaboration avec le compositeur Térence Meunier, ainsi qu’une série de détails photographiques et d’extraits sculpturaux, nous plongent dans l’atmosphère et le récit de Vohibola.